Victor Vasarely - Le Partage des Formes - Centre Pompidou

Publié le 03/03/2019

Considéré comme le père de l’art optique, figure des années 60 et 70, l’artiste Hongrois Victor Vasarely (Pecs 1906 – Paris 1997) était un fervent défenseur de l’art pour tous. Les images colorées et géométriques de ses œuvres, qui jouent sur l’illusion, se sont imposées dans la vie quotidienne pendant deux décennies. Peinture, pochettes de livres, d’albums (dont Space Oddity de David Bowie) décors télé, objets, logo (Renault), architecture, mode, ou encore magasines, Vasarely est partout … jusqu’à l’overdose à la fin des années 70.

Plus ou moins oublié, ou déconsidéré, à la fin du siècle dernier, il est aujourd’hui réhabilité, inspire les artistes de la nouvelle génération, et est mis en valeur avec cette première grande rétrospective au Centre Pompidou.

Victor Vasarely se forme à Budapest. Elève de Sandor Bortnyik, ses premières œuvres sont dans la continuité de l’esprit du Bauhaus. À son arrivée à Paris, à 24 ans, il est d’abord graphiste dans les agences publicitaires. Son style, sa patte « optique », s’installent déjà dans ses premières œuvres telles Zèbres de 1938 ou La Baleine et la Goutte d’eau, magnifiques.

La révélation vient à Belle-Isle-en-Mer, lors d’un séjour en 1947, sur une plage de galet. Inspiration… les formes des galets, le rythme des vagues, la forme des nuages, … tout est unis par les mêmes formes et les mêmes forces. Là, il invente sa géométrie du réel. Il la consolide à Gordes, avec la forme des maisons, le découpé des champs de lavande … Gordes, Luberon, Santorin, les œuvres sont géométriques, colorées...

Mais sa patte, l’évènement, ce sont ses toiles noires et blanches de ce début des années 50. Optiques, géométriques, cinétiques et mobiles, c’est la naissance de l’art optique, le Op art et la révolution de l’abstraction géométrique. Vasarely s’intéresse à la perception des formes, et non pas juste aux formes. Chaque tableau est étourdissant et perturbant, intéressant à la fois dans sa globalité et dans chaque détail. L’exécution est bluffante, comme les toiles des années suivantes d’ailleurs. Le positif et le négatif sont réversibles, un déploiement d’ondes s’exécute à la surface du tableau, la forme se mue, ne se stabilise jamais, étourdit, puis se gonfle, s’enfonce … Un mélange de poésie et de science transpire de ces œuvres noires et blanches telles que Vega et Tlinko en 1956, ou Naissances en 1958.

Notons également le très intéressant hommage à Malévitch (1954-1958), double tableau en positif-négatif dans lequel le carré en mouvement se déforme, devient losange, et semble s’ouvrir comme une porte. Un coup de cœur.

Au début des années 60, Vasarely renoue avec la couleur, et met au point un alphabet plastique basé sur les formes géométriques et la couleur, un vocabulaire qui lui est propre et qui lui permet toutes les expressions géométriques, un langage universel basé sur un système de carrés de couleur dans lesquels sont incrustés des formes et des couleurs ensuite déclinés, déformés et reliés pour donner des effets de dégradés, de relief. Un nombre presque infini de combinaisons est permis. Un clair-obscur d’un nouveau genre nait de ce langage. Dans toutes les directions de la grille, l’assombrissement ou l’éclaircissement des teintes suit une progression parfaitement prévisible et mesurable. Les œuvres, entre science et fiction, qui en naissent portent des noms cosmiques : Vega Nor en 1969, Vega 200 en 1968, Tridim, Vonal … L’effet est saisissant, stupéfiant, de loin comme de près…

L’exposition du Centre Pompidou est très bien structurée, très bien documentée, et la scénographie est parfaitement adaptée au côté éclectique et technophile de l’artiste. Le parcours est d’autant plus intéressant qu’il est chronologique, ce qui permet au spectateur de suivre l’évolution et la progression de l’œuvre de Vasarely. A voir absolument.

Au Centre Pompidou jusqu'au 6 mai 2019

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"Le Partage des Formes" au Centre Pompidou

La Fondation Vasarely à Aix en Provence

Victor Vasarely - "Très en formes" à l'émission "Entrée Libre" sur France 5

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COMMENTAIRES

DeCommentaire
Catherine
06/03/2019

Oh oui, top cette exposition. Je ne connaissais pas très bien Vasarely. Pour moi il était "has been" presque trop vu ou trop facile. J'ai été époustouflée par la technique, la précision, et ce parcours très clair et très déterminé. Vous avez raison, l'exposition le met bien en valeur et est très bien présentée. A voir donc pour ceux qui n'y sont pas encore allés....

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